Avocats, professions libérales, personnalités des médias et du spectacle : ils figurent tous parmi les victimes d’une escroquerie estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros en Languedoc-Roussillon et sur le territoire national.
Ils avaient cru, au milieu des années 2000, aux placements du groupe Jassogne spécialisé dans la rénovation d’immeubles anciens, défiscalisés sous couvert de la loi Malraux.
Hélas pour eux, le tribunal de commerce de Paris, le 13 mai 2012, a prononcé la liquidation de la société en nom collectif Prestige Rénovation qui était chargée de la maîtrise d’ouvrage des chantiers au sein de la nébuleuse Jassogne. Un groupe contrôlé par Jean-Charles Jassogne et son épouse, qui achetait et revendait à la découpe des bâtiments à Carcassonne, Narbonne, Arles, Nîmes ou encore Pézenas.
« Le montant des sommes citées à l’audience, versées par les acquéreurs des lots à transformer en appartements de standing est de l’ordre de 30 millions d’euros, indique Me Jean Bellissent, avocat au barreau de Béziers, agissant pour le compte de trois Afu (association foncière urbaine) et d’une soixantaine de personnes à titre individuel. Au sein du groupe Jassogne, trois sociétés jouaient un rôle principal. La SNC JCM Invest procédait à l’acquisition des immeubles. La SARL Historia Prestige était syndic de propriété, elle encaissait les fonds versés par les Afu et autres acquéreurs de biens. Enfin la SNC Prestige Rénovation avait la maîtrise d’ouvrage déléguée »
Selon le défenseur des victimes, « Historia Prestige transférait les sommes encaissées à Prestige Rénovation pour l’ouverture et le suivi des chantiers ».
L’opération devait être effectuée sur un compte bancaire sur lequel le président de chaque Afu avait la signature. Or, Jean-Charles Jassogne a toujours refusé de transmettre à ses contractants les coordonnées de cette adresse, ouverte dans une agence de quartier du Crédit Mutuel à Montbard, dans le département de la Côte d’Or, en Bourgogne. Cette domiciliation bancaire, s’est avérée à l’audience parisienne, vide de contenu.
« Les clients du groupe Jassogne se retrouvent dans une situation très délicate, précise un responsable du cabinet Altinum, une société d’assistance à maîtrise d’ouvrage saisie par plusieurs victimes pour l’achèvement des chantiers. Les services fiscaux réclament la justification des sommes qui ont été défiscalisées par les acquéreurs de biens. Ce qui est impossible, les travaux à la charge de Prestige Rénovation sont interrompus depuis 2009».
En raison du soupçon qui pèse sur l’organisation d’une vaste opération de cavalerie, une information judiciaire a été ouverte au pôle financier du TGI de Paris. C’est le juge Franck Zientara, saisi pour l’affaire du Mediator et des prothèses PIP, qui a hérité du dossier.
Julien Pascal